Jacques Paul Migne, dit l’abbé Migne, né à Saint-Flour dans le Cantal le 25 octobre 1800 et mort le 25 octobre 1875, a été ordonné prêtre en 1824.
Il fut le curé de Aillant-sur-Milleron et du Charme.
Migne fut l’un des premiers ecclésiastiques à comprendre le pouvoir de la presse écrite et de l’édition de masse. En 1833, il fonde, puis dirige le journal L’Univers. En 1836, il crée la maison d’édition du Petit Montrouge.
L’œuvre la plus connue de cette maison d’édition est le Scripturae sacrae cursus completus qui a rassemblé un large répertoire de commentaires sur chaque livre de la Bible et le Theologiae cursus, chacun en 28 volumes (1840-1845) ; Collection des auteurs sacrés (100 volumes, 1846-1848) ; Encyclopédie théologique (171 volumes, 1844-1846).
Les trois grandes collections qui ont fait sa réputation ont été Patrologiae cursus completus, collection de textes latins en 221 volumes (1844-1845) ; collection de textes grecs, d’abord publiées en latin (85 volumes, 1856-1857); avec le texte grec et la traduction latine (165 volumes, 1857). Migne est continuellement cité comme référence dans les dictionnaires latins et grecs, notamment dans le dictionnaire grec-français d’Anatole Bailly. Dans un registre différent, malgré son titre, on lui doit une Encyclopédie théologique ou Série de Dictionnaires sur toutes les parties de la Science religieuse éditée en 1832, qui comprend des dictionnaires de sciences profanes faisant autorité, tel le dictionnaire de numismatique.
Ses Patrologies grecques et latines ont trouvé un relais de qualité dès la fin du XIXe siècle dans les collections d’éditions critiques du Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum dit Corpus de Vienne, puis, à partir du milieu du XXe siècle, dans la collection Corpus christianorum series latina et Corpus christianorum continuatio medievalis ainsi que, dès la Seconde Guerre mondiale, par la collection Sources chrétiennes, emblématique du renouveau de la théologie positive sous l’égide des Jésuites.
Sa maison d’édition était complétée sous le Second Empire par des ateliers de peinture pour la décoration des églises. Il reste une dizaine d’œuvres de ces ateliers, éparpillées dans toute la France : deux des plus réussies, datées de 1858, du peintre victorien Arthur Gilbert, se trouvent ainsi encore dans le chœur de l’église Saint-Jean-Baptiste d’Audresselles (Pas-de-Calais). D’autres œuvres (inscrites au titre des monuments historiques) se trouvent dans l’église Saint-Laurent de Pontacq (Pyrénées-Atlantiques) dont une toile datée de 1858.
Sa concurrence souleva la colère des éditeurs accrédités par les églises car il leur prenait leur clientèle. Son évêque lui reprocha alors son militantisme ultra-catholique et, à la fin du Second Empire, il fut interdit à l’abbé Migne de dire la messe. L’un des évêques qui l’avait persécuté, Mgr Georges Darboy, fut fusillé par les communards. Le pape Pie IX sanctionna Migne pour avoir mis à la disposition du plus grand nombre des textes habituellement accessibles au seul «public plus averti», et il interdit au clergé d’utiliser les fonds paroissiaux pour acheter ses ouvrages.
Du 12 au 13 février 1868, les ateliers de Migne furent presque complètement détruits par un incendie d’origine «inconnue» et les assurances ne couvrirent pas les frais de réfection. La maison d’édition Garnier frères racheta les droits sur ses éditions après sa mort.
Peu connu en France, Jacques Paul Migne est célèbre dans des pays comme le Royaume Uni, les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne.
L’Abbé Jacques Paul Migne avait la même démarche que Pierre Larousse, celle de propager le savoir, mais ayant deux conceptions opposées, Pierre Larousse affichant ses convictions anticléricales. Chacun de ces deux grands personnages a eu maille à partir avec une partie de l’opinion publique.